LA CARAVELLE DES QUATRE VENTS
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La forge de Pointesable

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La forge de Pointesable Empty La forge de Pointesable

Message par Norie Dim 19 Mai - 12:34

Une enclume noire naine trônait au milieu d’outils diverses, couteaux, hachettes, repoussoirs, foret, pinces, pilons, rabots, planchettes de boucliers et fragments de leurs rebords métalliques. L’odeur du fer brisant à froid avait des amertumes de soufre. Il pouvait être plié à froid et se refuser à la même opération étant chauffé au rouge ; d’être doux et liant à froid ; de prendre sous la lime une couleur bleuâtre ; d’avoir une cassure fibreuse, inégale, non compacte, et de couleur claire ; de lancer des étincelles rouges et grosses lorsqu’il avait éprouvé une chaude suante. Tandis que le Fer brisant à chaud, appelé rouverin, était difficile à forger s’il était chauffé au rouge. Il pouvait se briser, se pulvériser même, surtout lorsqu’on ne maitrisait pas la température. Il fallait que cette température soit plus élevée pour que le fer rougeoie et atteindre la couleur idéale. Seuls les meilleurs forgerons pouvaient reconnaitre cette couleur si particulière. La résistance et la ténacité du fer dépendait également de la manière dont il était forgé.
Das Korvut le forgeron des lieux pratiquait très peu le fer doux, le fer aigre plus cassant, l’acier trempé, l’acier mou ou encore le cuivre. Le minerai extrait des mines naine voisines arrivait au compte-goutte. Rarement le minerai était isolé de la gangue métallifère pour être traité immédiatement dans les fourneaux de la forge. Il y trouvait beaucoup de terres en mélange plus ou moins intime. A l’aide de divers marteaux de formes différentes, il arrivait directement à se débarrasser d’une proportion considérable de la gangue. Dans le cas où cette opération était presque impossible, il fallait recourir au triage, bocardage, lavage et grillage. Il laissait son apprenti s’en occuper.
Les premières années d’apprentissage étaient pénibles, mais l’apprenti ne rechignait aucunement à cette tache difficile et fastidieuse, tans qu’il pouvait rester à l’écart de la populace à l’arrière de la forge. Il portait un masque de cuir sombre presque noir. Derrière ce rempart, l’on pouvait de temps en temps entendre un murmure ou deux mots simples : Oui maitre !
L’apprenti était un homme grand et élancé. Il portait le plus souvent une longue cape qui allait de la tête aux pieds. Un vêtement protégeait ses bras des étincelles brulantes et il portait constamment des gants de cuirs. Il était donc impossible de voir la moindre parcelle de peau. Le maitre Korvut avait tenté à plusieurs reprises à l’obliger à retirer son masque car cela pouvait effrayer les clients. L’apprenti refusait catégoriquement. Le masque avait une vertu contraire, mais seul l’apprenti le savait. Das Korvut n’avait pas vraiment le choix car les apprentis forgeron ne couraient pas les rues de la petite ville de Pointesable, et celui-ci faisait du bon boulot.
Pourquoi se cachait-il derrière un masque ? Était-ce pour s’échapper désespérément aux expériences douloureuses de la vie, pour cacher une difformité abominable, impossible à accepter ou encore pour fuir un passé de conflits intérieurs entre le courage et la lâcheté, l’ambition et la réalité, l’instinct et l’Ideal, la foi et le doute, des rancunes, des agressivités, des remords, des révoltes ou des angoisses ? Toutes ces questions Das Korvut se les étaient posés à l’époque où il buvait moins. Un évènement l’avait obligé à se réfugier soudainement dans l’alcool. Cela ralentissait ses pensées et son commerce. Les clients devenaient rares. Das Korvut s’en rendait compte et décida de laisser son apprenti prendre de la hauteur.
Malgré une nuit agitée, L’apprenti forgeron, s’était encore levée de très bon matin. La neige recouvrait à peine de son duvet blanc, le sol et les toits des bâtisses de Pointesable. Le ciel était gris et le vent du nord agitait les mats des bateaux dans le port. Il faisait froid, atrocement froid. L’apprenti commençant par allumer la forge avec des copeaux de bois et du charbon, attisait le feu avec le soufflet. Il aimait tout particulièrement ce moment-là, voir le feu prendre vie. Ensuite, il passerait une journée laborieuse, intense et vivante.
- Vous êtes ouvert ? Il sursauta.
L’apprenti concentré sur la chaine du soufflet, n’avait pas entendu la porte de l’atelier s’ouvrir. Une petite créature blonde et ronde était entrée. Une Naine ! Si les nains étaient rares à Pointesable, les naines l’étaient d’autant plus. Elle était trapue et costaude d’environs cinquante ans, affublé de deux énormes mamelons, le tout enserré dans une armure. Son visage blanchâtre parsemé de tache de rousseur était étrange ; le côté droit joufflu dont l’œil était d’un bleu profond et le côté gauche était aiguisé avec un œil jaune faisant penser à l’œil d’un serpent. En moyenne, les naines manquaient de charisme et celle-ci ne relevait absolument pas le niveau. Elle portait une épée et une targe. C’était une guerrière de toute évidence, et également perdu à l’extrémité de la Varisie pensa l’apprenti forgeron sous son masque. Elle aurait dû en porter un, pensa-t-il sans méchanceté.
- Oui, vous désirez ? demanda l’apprenti.
- Mon armure a subi les coups violents et j’aimerais redresser les parties enfoncées qui me gêne le plus. Par contre j’y tiens comme s’il s’agissait de mon seul enfant. Même si je n’ai pas d’enfant et que pour faire des enfants faut avoir du temps pour l’élever. Moi je n’ai pas le temps, je garde la Caravelle des quatre vents. Vous connaissez la Caravelle ? Elle fait escale à Pointesable au moins une fois par an. C’est Koya qui m’a trouvé sous un tas de gobelin mort à Charmepinte. Vous connaissez Charmepinte ? Je me rappelle plus combien j’en ai tué. Mais un paquet c’est sûr. J’ai reçu un mauvais coup sur tête et me voilà. Ne vous inquiétez pas, j’ai de quoi payer. Je cache ma bourse là où personne ne peut ou ne veut aller. Vous voyez ! Entre mes seins ! Avant ils me gênaient pour combattre, mais maintenant je m’en sers avec efficacité. Et puis je les utilise qu’à cela pour le moment ! Si vous voyez ce que je veux dire !
- Non, mais je peux réparer votre armure ! répondit simplement l’apprenti.
- C’est une armure naine et c’est compliqué à réparé si on n’est pas nain. Alors redressez simplement les parties trop enfoncées ! Vous voyez cette partie abimée ? Elle a tendance à me gêner au niveau des côtes.
- C’est mon travail ! Laisser moi votre armure.
- Parfait ! Aidez-moi à enlever mon armure. Demanda la naine
- Heu ! On ne se connait pas !
- En effet, je m’appelle Norïe. Maintenant vous pouvez m’aider ?
- Très bien ! L’apprenti aida la naine. Heureusement, elle portait une chemine fine en lin dessous. Les naines ne devaient pas avoir de pudeur, pensa l’apprenti. Elle remit son manteau d’hivers sur les épaules, lui fit un étrange sourire. La moitié de son visage semblait charmant, l’autre terrifiant.
La naine, après avoir passer trois jours à l’auberge du village pour se réchauffer le gosier, revint voir l’apprenti.
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